Born in Kazanlak, Bulgaria
Living and working in Paris
Education
2012 – 2013 | Master Médiation culturelle at « École d’Art, culture, communication, management et luxe », Group EAC, Paris 75008 |
20-27/08/2011 | Workshop « Techniques de la mosaïque », Musée du Louvre, Paris |
2009 – 2010 | Erasmus student at the National University of Athens, Faculty of Theology, « Christian arts », Athens, Greece. |
2009 | Iconographic practice at The Monastery of Putna, Romania |
2006 – 2010 | Bachelor degree at « St. Cyril and St. Methodius » university, Orthodox Theology faculty “Christian arts”, Veliko Turnovo, Bulgaria |
2005 | Self-curricular LEONARDO DA’VINCHI-PRACTICE – Karlsrue, Germany |
2004 | Self-curricular practice in Macedonia, Ohrid |
2001 – 2006 | Vocational School of Plastic Arts « Academician Dechko Uzunov », Kazanlak, Bulgaria. Qualification “Designer” |
Elena Karageorgieva, peintre d’icônes au féminin
Plus que quelques jours pour profiter de l’exposition d’icônes contemporaines organisée au Centre culturel bulgare, à Paris. L’occasion aussi de retracer un échange que j’ai eu avec une jeune peintre d’icônes hors du commun.
Graecia orthodoxa : Elena Karageorgieva, vous exposez au Centre culturel bulgare jusqu’au 11 mai prochain, avec trois autres peintres d’icônes. Parlez-nous un peu de votre parcours.
Elena Karageorgieva : Je suis née à Kazanlak, la Vallée des Roses, en Bulgarie, où j’ai commencé à étudier les Arts plastiques. Par la suite, je me suis spécialisée en Arts ecclésiastiques à l’université de Veliko Tarnovo. J’ai passé l’année 2009-2010 à l’université d’Athènes, où j’ai suivi l’enseignement du professeurGeorgios Kordis. En parallèle, j’ai également étudié le violon. Puis, je suis venue à Paris…
GO : Vous parlez de Georges Kordis. Son enseignement vous a-t-il particulièrement marquée ?
EK : Oui, certainement. Mais j’ai aussi été impressionnée par des iconographes plus anonymes. En particulier, lors d’une retraite au monastère de Putna, en Roumanie, j’ai pu travailler aux côtés de moines qui peignaient des icônes. Je n’y suis restée que deux semaines, mais ce séjour m’a marquée.
GO : Quelles sont vos techniques de travail, en particulier à Paris où vous résidez désormais ?
EK : Je continue à travailler avec les méthodes classiques, pigments, jaune d’œuf, etc. A Paris, j’ai réussi à m’installer dans un tout petit local qui se trouve dans mon immeuble, mon « atelier ». J’y suis très bien, très au calme, malgré l’exiguïté des lieux…
GO : Travaillez-vous à plein temps à la peinture d’icônes ?
EK : Oui et non. Je passe en effet le plus de temps possible à ce travail, mais je poursuis aussi mes études de violon au conservatoire et je prends des cours de français.
GO : Je suis très surprise de voir une jeune femme comme vous consacrer la plus grande partie de son temps à la peinture d’icônes. Comment vous situez-vous, en tant que femme, dans ce milieu ?
EK : En réalité, je suis loin d’être une exception. En Bulgarie, dans ma section des Beaux Arts, nous étions majoritairement des filles. A Athènes aussi, j’ai eu l’occasion de constater que cette activité se féminise. Evidemment, quelques problèmes demeurent lorsqu’il faut peindre des fresques dans une église, surtout si celle-ci est déjà consacrée. Toutes les parties ne nous sont pas accessibles, comme vous savez.
GO : Dans ces situations où vous travaillez « sur le terrain », quel accueil vous réservent les moines et les prêtres ?
EK : Personnellement, je n’ai jamais eu de difficultés à travailler avec eux. Mais je dois vous faire remarquer que je participe régulièrement aux offices des églises et monastères où je suis amenée à travailler. Cette participation à la vie ecclésiale est très appréciée. Ainsi, je suis mieux accueillie que certains iconographes hommes qui négligent d’assister aux offices. Je crois que dans ce cas, c’est l’engagement personnel qui compte avant tout.
GO : Parlez-nous d’une église où vous avez travaillé.
EK : Il s’agit d’une petite église très récente, Saint-Cosmas-de-Zographou, construite en 2008 à Stara Zagora, en Bulgarie. Je m’y étais rendue avec des étudiants de l’Institut Saint-Serge, pour assister à des conférences destinées aux iconographes. C’est là que j’ai rencontré mon mari, dont le père était chargé de la construction et des fresques de l’église. J’ai alors commencé à travailler avec une équipe de peintres qualifiés.
GO : Et quelle a été votre contribution ?
EK : Comme j’étais encore débutante, on m’a confié la peinture des inscriptions et des éléments naturels du décor. Et puis les jeunes étaient priés de peindre la coupole, où une certaine agilité physique est indispensable.
GO : Pour en venir à votre style, comment le qualifieriez-vous ?
EK : J’ai une certaine inclinaison pour le style des icônes de Triavna, qui date des 18e-19e siècles. Mais je m’oriente au sein d’une expression byzantine ou byzantinisante beaucoup plus large. En fait, je ne copie pas un style ou des icônes. La tradition laisse une part de créativité à chaque iconographe, et j’essaye d’user de cette relative liberté. En fait, pour rester dans les canons, il faut aussi un peu innover…
GO : Quels sont les sujets qui vous attirent le plus ?
EK : Certainement la Mère de Dieu et les anges. On en voit plusieurs à l’exposition.
GO : Vous acceptez les commandes ?
EK : Oui, bien entendu.
GO : Elena, vous êtes très jeune, 24 ans je crois. Comment voyez-vous l’avenir, votre avenir ?
EK : J’aimerais transmettre ma passion pour la peinture d’icônes aux plus jeunes et surtout aux enfants. En fait, je donne déjà des cours aux enfants, une sorte de « catéchèse par les couleurs », à la paroisse bulgare de Paris. Nous partons d’une icône à découvrir et à colorier, puis nous parlons du saint ou de la fête représentés sur l’icône. Les enfants sont très motivés par cet exercice.
GO : Pensez-vous que tous les chrétiens devraient apprendre à peindre des icônes, tout comme ils apprennent à lire ?
EK : Je ne dis pas non : tous devraient participer, d’une certaine façon, à la réalisation d’une icône. Et pour commencer, je propose aux visiteurs de l’exposition de découvrir le travail de réalisation de mosaïques, durant l’exposition, entre 12h et 15h…
Source: http://graecorthodoxa.hypotheses.org/2194